Mais comment en sommes-nous arrivés là?

Un outil de travail performant, une artère pour la région, elle qui amenait le sang et la vie dans la cité. Tourisme de masse, colis en tous genres, marchandises en vrac, étudiants ou scouts, travailleurs courageux, comptables inquiets,…

Elle qui, avec sa puissance et rapidité, sa fierté et utilité, elle a nourri la cité dès 1869. On l’a laissé tourner à rien début des années 1980. On l’a laissé mourir d’une mort lente, d’une agonie sans soins jusqu’en 1993. Depuis mai 1993, plusieurs « Docteurs » de la rue de la Loi se sont succédés et ont été incapables de lui administrer un remède pour la réactiver (malgré son statut de fermeture provisoire), lui redonner un traitement viable… !

Au contraire, on l’a laissé crever jusqu’au bout, par manque d’attention ; s’étouffer par manque d’entretien. Aujourd’hui, avril 2010, des engins mécaniques s’acharnent sur son ossature qui n’est plus que vieux rails rouillés et traverses pourries ensevelis par des friches et autres qui, bientôt, passeront sous la flamme du chalumeau.

Et nous, qui la défendons, nous qui rappelons l’histoire et collectons les chiffres d’aujourd’hui afin de préparer demain, on nous traite de fous ou d’utopistes !

Mais où donc faudra-t-il s’exiler pour que l’on comprenne que le rail c’est la vie? Bastogne est-il redevenu un village? Bastogne la médiévale! avec ses tours en carrosse et sa diligence vers Libramont…

Est-ce donc là, tout le progrès, toute l’ambition, tout l’investissement que l’on réserve à Bastogne?

  • Bientôt la ville sera-t-elle sur groupe électrogène parce que les pylônes n’ont pas été entretenus?
  • Bientôt la ville aura-t-elle besoin de ses puits et de ses fontaines car les investissements de distribution d’eau n’ont pas été opérés?

Le rail c’est l’infrastructure. Se couper du rail aujourd’hui, c’est se couper du monde de demain.

Laissez filer le rail! Laissez donc la ligne crever! Achevez-là, c’est facile. Cela ne coutera pas cher et ne prendra que quelques semaines. Mais dites-vous bien que si le rail part aujourd’hui il ne reviendra pas, il ne reviendra pas demain, il ne reviendra pas dans 10 ans, il ne reviendra pas dans 20 ans, il ne reviendra jamais: expropriations, travaux et tracés seront trop chers et trop complexes. Fontaine, je ne boirai pas de ton eau? Bastogne sera exclue du rail et du développement futur. Oui, c’est ce choix-là qui se décide aujourd’hui sur des chiffres vieux de dix ans et une vision de 1993. Ne voyez-vous donc pas Bastogne qui a changé, qui se développe chaque jour, qui grandit? Toutes ces demeures que l’on bâtit? Sans le rail, Bastogne grandit mais s’exclut au lieu de s’ouvrir. C’est aujourd’hui, c’est maintenant que cela se joue!

Peut-on imaginer à notre époque pareil retour en arrière? Mais où faudra-t-il envoyer nos décideurs pour qu’ils constatent par eux-mêmes que c’est possible comme en Allemagne, Autriche, Suisse, certaines Régions de France ou d’Italie (avec du matériel belge…) ? Un bel exemple est la Région de la Forêt Noire, où même dans ses coins les plus reculés, les light rail ou autres trains-trams remplissent leurs offices quotidiennement.

Mais quelle est donc cette malédiction, qui fait qu’en Wallonie l’on ne soit pas capable de faire des autoroutes qui tiennent… et que, pour une infime partie des budgets de bouche-trous, on ne soit capable de maintenir un outil tel que la L163?

Non, vous ne rêvez pas nous sommes bien en Avril 2010 et cela est arrivé près de chez vous!

ArriveLa1 ArriveLa2